lundi 11 février 2019

Wastburg, le livre



Bienvenue à Wastburg ! 



Salut l’ami ! Besoin d’un guide ? Je vois bien que t'es étranger et que t’es aussi paumé qu'un crouton de pain qu’est jeté aux pigeons. Alors, comme ça, tu viens de Bern...  Remarque bien, faudrait être aveugle pour ne pas le voir ! C’est quasi écrit sur ta tronche :  “Ch’uis pas d’ici!’. D’ailleurs, j’te conseille de rapidement changer de vêtement si tu souhaites pas trop te faire repérer d’entrée de jeu par les arnaqueurs de tous poils qui sévissent dans notre jolie ville. Mais bon passons… Faire visiter Wastburg, c’est jamais simple. C’est un peu comme dessaper une fille : tu retrousses sa jupe directement, ou tu dégrafes lentement son corsage ? Bien, là, c’est un peu la même histoire… Bref, allons-y… Ici, c’est l’un des deux ponts qui permet d’accéder à la ville : l’autre est toujours en construction et à vrai dire, je ne sais pas s’il sera fini un jour. Ça fait des années qu’on en parle mais m’est d’avis que je serai déjà six pieds sous terre quand on en verra le bout.

Là, c’est l’auberge de la joyeuse : on l’appelle comme ça à cause de sa patronne qu’est une fille comme qui dirait pas farouche du tout. Faut dire que c’est une loritaine. Mais surtout, c’est quand elle se penche pour te servir ton bol de soupe que tu donnes un sens à la vie :  la simple vue sur son plongeant te la rend toute joyeuse, si tu vois ce que je veux dire. 

La, y a une rue à éviter : on l’appelle la rue qui pisse. Tu vois, elle est très courte mais elle recèle plein de petits coins où tu peux faire ce que tu as à faire sans que tout le monde puisse mater le bétail. Mais gare ! L’abondance du liquide a rendue la rue plus que glissante.

Bon, je passe sur cette auberge infâme qu’est “la taverne des affamés” et sur cette rue, la malpavée dont le nom explique tout car voilà que se profile devant nous, la merveille des merveilles. Ce qui est pour moi, le plus beau bâtiment de Wastburg : la Purge. C’est là que j’t’emmène. Tiens d’ailleurs, je te présente l’un de ses nobles occupants : l’arsouille. Salut l’arsouille, je t’emmène du beau linge pour remplir ta paroisse  ! Ah mais oui, c’est que j’ai oublié de te dire l’étranger : la Purge, c’est comme qui dirait la prison de la ville. Et il est très facile d’y rentrer. Par contre, pour en sortir, c’est une autre paire de manche. Alors, voilà le marché : soit à l’arsouille et à moi, tu donnes quelques jolies petites pièces pour éviter d’aller visiter le lieu de plus près. Soit pas, et dans ce cas, c’est au cachot direct ! 

Et si tu nous paies, tu tacheras de vite oublier nos trombines à tous les deux, si tu ne veux pas que l’on exerce sur toi nos talents d’artificier.


Et puis un dernier conseil pour la route : si tu veux savoir ce qui t’attend réellement dans la ville, le plus sage serait de lire ce manuscrit qui s'appelle Wastburg. Bon, l'auteur s'est pas pris le bourrichon pour trouver le titre, mais faut pas s'y tromper : c’est un gars qui s’est y faire qui l’a écrit : y a du style, de la verve comme on dit. C’est pas le genre d’écriture qui fait qu’au bout de 4 mots, tu ne sais plus où tu en es. Non, là, on est dans la grâce de la langue, avec des trucs bien amenés qui disent ce qu’ils ont à dire. Des trucs qui te tirent le sourire, comme un bon bout de frometon que t’arrête pas de mâchouiller tellement c’est bon ! Tu t’y ennuieras pas : chaque page est un trésor. En fait, ce bouquin ne raconte pas une histoire, mais des histoires, des tranches de vies qui montre bien ce qu’est vraiment  Wastburg. Alors ? Du coup, tu décides quoi ? Tu fais sonner la monnaie ou tu préfères un aller direct pour la Purge ?





(paru dans : La saltarelle N°10, printemps 2016)