samedi 16 décembre 2023

Pas d'Esclandre pour la forêt d'Arcande

Le Monde au-delà des brumes est le premier tome d’un cycle intitulé La Biche de la forêt d’Arcande. Cette série est écrite par Hugues Douriaux. Elle dépeint un monde imaginaire où le médiéval côtoie le fantastique. Dans ce premier tome, nous suivons les aventures de Thorn, un jeune gardien de porc, qui, du jour au lendemain, sauve d’une chasse à courre, une humaine transformée en biche. Et là, on sent rapidement l'histoire d’amour pointer son museau. Avant que la biche ne regagne la forêt, Thorn a en effet une irrépressible “envie de caresser la fourrure rousse de l’animal. (...) La biche approcha son mufle des doigts de Thorn et le garçon sut que c'était un baiser. Tout son être brûla d’un sentiment qu’il n’avait jamais ressenti”.

Le soir même, Thorn apprend que cette biche est en fait sa sœur, qu’elle s’appelle Onik et qu’elle vient implorer son aide. Dans la foulée, il apprend aussi qu’en réalité, il est lui-même un “humain-dieu” (son père étant humain, et sa mère, une fée) et que le jour est venu pour lui de choisir sa destinée : répondre à l’appel de sa sœur ou rester à tout jamais humain.

Bon. Même si tout cela est un peu convenu, avec un style léger, la lecture est plutôt agréable. Erreur, mon ami.e ! La bizarrerie sensuelle évoquée dès les premières pages annonce en réalité une suite plus abjecte. 

Quoiqu'il en soit, Thorn fait le choix de partir secourir sa sœur. Bien malgré lui, son amoureuse (car oui, il a une petite copine), se retrouve à l’accompagner dans cette quête dangereuse. À un moment, alors que Thorn s’absente pour enquêter seul dans la grande cité du coin, la jeune femme s’éveile en sursaut, une main posée sur la bouche. Elle est maintenue prisonnière et prête à être violée quand ses assaillants se rendent compte qu’elle est vierge. Je vous passe les détails. Ils décident donc plutôt de la réserver au seigneur local pour en tirer un bon prix. Et tant mieux, cela nous permet d'éviter la description d’un viol. Mais punaise, que c’est glauque !

L'apothéose a lieu à la page 157 : Thorn retrouve Onik, sa sœur bien aimée (oui, entre-temps, son amoureuse a été tuée… enfin… pas vraiment… mais peut-être que oui…) et il prend conscience “qu’il n’y avait plus qu’Onik. Onik qu’il aimait, qu’il désirait, sur qui il refermait maintenant ses bras, peau nue contre peau nue, chaleur contre chaleur… Bouche contre bouche”. La suite est sans surprise, malheureusement : “Il y avait son désir, celui d’Onik. Il y eut leur union. Et leur plaisir fut comme un embrasement d’étoiles…”

C’est joliment dit, vous ne trouvez pas ? Sauf que donc, je vous le rappelle, on parle d’un frère et de sa sœur. Ne vous faites pas avoir par cette écriture douce et empreinte d’onirisme. Ce passage décrit bel et bien un inceste.

Crédit photo : photographer3431 istockphoto

Ainsi donc, dans ce court roman de 192 pages, on a une tentative de viol, une vente d’esclave sexuelle et un inceste. Sans compter quelques scènes très ambiguës, par exemple sur les relations mère/fils. Malgré cela, les critiques que l’on peut croiser sur ce livre sont positives : 

- Livre original et très prenant. À conseiller à ceux qui aiment la fantaisie.

- Poétique pour moi.

- Un très bon roman de cet auteur.

- Une œuvre classique et agréable.

Comment ces avis ont-ils pu être émis sans prendre en considération les monstruosités que décrit l’auteur ? Ce n’est pas forcément dérangeant qu’il y ait des scènes un peu torrides dans un livre de SF ou de fantasy, mais la forme ne doit pas faire oublier le fond. Soyons clair : dans ce roman, on ne parle pas d’érotisme, mais on décrit des crimes sexuels. On ne peut tout de même pas raconter un viol ou un inceste comme si c’était justes de petits travers innocents !

Bref, j’aurais dû suivre mon instinct et m'arrêter de lire dès les premières pages. Et ce n’est malheureusement pas la très jolie couverture de Florence Magnin qui me fera changer d’avis.

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